jeudi 28 février 2008

Utilisation du Taser en France


(...) Sur le papier, tout est clair. Le pistolet électrique ne peut s'utiliser que dans trois cas :

la légitime défense ; quand une personne peut paraître menaçante vis-à-vis d'elle-même ou d'autrui ; pour interpeller des auteurs de crimes ou de délits en situation de rébellion.

L'arme ne doit être employée que dans des endroits dégagés, la victime ne contrôlant pas sa chute. Elle est prohibée lors des manifestations. Pour 450 euros supplémentaires, la version des policiers est munie d'une caméra qui permet de filmer la scène. Les gendarmes recommandent de tester l'arme sur soi. Pour les policiers, "nous ne le préconisons pas, mais nous ne l'interdisons pas", explique Christophe Fichot.

Les statistiques officielles se veulent rassurantes. La police aurait utilisé le Taser 395 fois, dont 165 en 2007. La gendarmerie comptabilise 105 utilisations en 2006 et 160 en 2007. Dans nombre de cas, il s'agissait de maîtriser des forcenés. "Nous avons une baisse parallèle de 14 % de l'usage des armes à feu et de 8 % des blessés dans nos rangs", avance le général Safray.

Aucun chiffre ne convaincra Virginie Barruel, 22 ans. Cette jeune femme de 51 kg pour 1,58 m a été interpellée le 30 avril 2005, à Lyon, à la suite d'une manifestation qui avait dégénéré. Quatre policiers de la brigade anticriminalité (BAC) l'ont maîtrisée et électrocutée à bout touchant, alors qu'elle était déjà à terre. Il a été admis après coup que la jeune femme ne faisait pas partie des casseurs. "La BAC a été dépassée ce jour-là et a utilisé le Taser inconsidérément", estime son avocate, Me Frédérique Penot.

l'arme suscite les polémiques. Dernière en date, dans la nuit du 11 au 12 février, les policiers ont utilisé le Taser pour réprimer des échauffourées à l'intérieur du centre de rétention administrative (CRA) de Vincennes. La Préfecture de police de Paris a confirmé, lundi 25 février, les informations rapportées par la Cimade, une association habilitée dans ces centres, et la Ligue des droits de l'homme. Elle a annoncé que l'inspection générale des services (IGS) avait été saisie.

"Il y a facilité d'usage, et donc un risque énorme d'abus", constate Benoît Muracciole, responsable d'Amnesty International. Les organisations de défense des droits de l'homme redoutent ce genre d'usage inconsidéré. Aux Etats-Unis, l'arme est utilisée depuis 1999 par les polices locales, si fréquemment que "to tase" ("taser") est devenu un verbe commun. Les dérives se multiplient, des vidéos mises en ligne montrent régulièrement des citoyens ordinaires foudroyés pour des peccadilles.

Source : leMonde

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