samedi 8 mars 2008

Bush met son veto à un texte contre la torture des suspects de terrorisme


Le président américain George W. Bush a annoncé samedi avoir opposé son veto à un texte qui interdirait de facto à la CIA de recourir à des méthodes d’interrogatoire dénoncées par leurs détracteurs comme de la torture, notamment la simulation de noyade. (Waterboarding)

Le Congrès, où les adversaires démocrates de M. Bush sont majoritaires, a adopté en février un texte de financement dont une disposition contraindrait les services de renseignement à se conformer au manuel des règles d’interrogatoire imposées aux militaires, qui interdit les techniques traumatisantes comme la simulation de noyade.

Mais le texte n’a été approuvé que par une petite majorité du Sénat, rendant très improbable que le Congrès puisse surmonter le veto présidentiel et réunir les deux-tiers de voix nécessaires dans les deux chambres pour que le texte entre dans la loi sans la signature de M. Bush. « Al-Qaïda reste déterminé à attaquer de nouveau l’Amérique (...). Parce que le danger persiste, nous devons veiller à ce que nos services de renseignement aient les outils nécessaires pour arrêter les terroristes », a dit M. Bush dans son allocution radiophonique hebdomadaire.

Le texte que le Congrès lui a soumis pour promulgation « réduirait ces outils essentiels. Donc j’y ai mis mon veto aujourd’hui », a-t-il dit, une décision attendue qui n’en a pas moins suscité des réactions virulentes.

Le sénateur démocrate Edward Kennedy a ainsi estimé qu’il s’agissait de « l’un des actes les plus honteux de sa présidence. A moins que le Congrès ne surmonte le veto, il restera dans l’Histoire comme une insulte flagrante à l’Etat de droit et entachera gravement la réputation de l’Amérique aux yeux du monde ».

Tout en rappelant que la loi américaine interdisait déjà la torture, le président de la commission des Affaires juridiques au Sénat, Patrick Leahy, a estimé que M. Bush avait « encore manqué une occasion d’améliorer un bilan honteux (...) et d’envoyer un message positif au monde ».

Expliquant sa décision, le président a assuré que la loi aurait sapé le programme confidentiel de détention et d’interrogatoire de la CIA, qui a permis de déjouer de nombreux attentats aux Etats-Unis et à l’étranger en collectant des informations « essentielles » grâce à des « techniques sûres et légales » appliquées à « un petit nombre des plus dangereux terroristes ».

Le manuel militaire a été conçu pour des combattants « légaux » capturés sur le champ de bataille, pas pour des terroristes « endurcis », a dit M. Bush, qui n’a encore une fois pas dit quelles étaient les méthodes employées par la CIA. Le directeur de la Centrale du renseignement américain, Michael Hayden, a admis pour la première fois début février que la CIA avait eu recours à la simulation de noyade sur trois suspects, dont Khaled Cheikh Mohammed, cerveau présumé des attentats du 11-Septembre, mais qu’elle ne l’avait plus utilisée depuis environ cinq ans.

Les méthodes de lutte contre le terrorisme donnent lieu depuis des mois à un débat passionné aux Etats-Unis. Les candidats démocrates disent faire de la restauration des valeurs américaines et de l’image des Etats-Unis dans le monde un enjeu de la présidentielle de novembre. Dénonçant le veto de M. Bush, le président du parti démocrate, Howard Dean, a aussi rappelé samedi que John McCain, candidat républicain à la Maison Blanche et jusqu’à présent héraut de la lutte contre la torture, s’était prononcé contre le texte lors du vote au Sénat en février.

Source : AFP

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