vendredi 14 mars 2008

Examen de la demande de remise en liberté de Jérôme Kerviel (Trader de la Société Générale)


PARIS (AFP) - La cour d'appel de Paris examine vendredi une première demande de mise en liberté de Jérôme Kerviel, le trader de 31 ans soupçonné de falsifications aux dépens de la Société Générale, incarcéré pour éviter des contacts avec "d'éventuels complices" dont l'existence n'a pas été démontrée à ce jour.

Le parquet général de la cour d'appel de Paris a annoncé jeudi qu'il allait requérir soon maintien en détention. Cette annonce intervient peu après la remise en liberté et la mise hors de cause d'un salarié de la banque qui avait été placé mercredi matin en garde à vue dans ce dossier, où les enquêteurs cherchent à vérifier si M. Kerviel a pu bénéficier d'éventuelles complicités, à ce stade non démontrées.

Le souci d'"empêcher toute concertation frauduleuse" est l'une des motivations avancées par le parquet général qui va requérir vendredi le maintien en détention du jeune trader. Cette garde à vue mercredi d'un salarié de la banque constitue un "hasard" de calendrier, a-t-on fait valoir au parquet général, ce dernier n'ayant pas la maîtrise du calendrier de l'enquête.

Incarcéré depuis le 8 février, Jérôme Kerviel est soupçonné de falsifications qui ont coûté 4,9 milliards d'euros à la Société Générale. "Nous nous opposons à la demande de remise en liberté de Jérôme Kerviel", a déclaré à la presse Ulrika Weiss, porte-parole du parquet général, précisant que celui-ci allait demander que les débats vendredi après-midi devant la chambre de l'instruction se déroulent à huis clos.
Le parquet général justifie sa position par les "nécessités de l'instruction puisque les actes d'investigation se poursuivent". Dans ce cadre, M. Kerviel a une nouvelle fois été confronté jeudi à deux de ses supérieurs hiérarchiques en 2005, année où il a commencé à prendre ses positions non autorisées sur les marchés. "Il faut veiller à préserver toutes les preuves utiles à la manifestation de la vérité et empêcher toute concertation frauduleuse", a expliqué Mme Weiss. La réquisition de maintien en détention vise également à "garantir sa représentation en justice", a-t-elle ajouté.

Cette position du parquet général est identique à celle exprimée le 8 février, lorsque la chambre de l'instruction avait décidé du placement en détention du trader, auparavant sous contrôle judiciaire sur décision des magistrats instructeurs. Ce jour-là, la presse annonçait le matin même la garde à vue d'un courtier à qui M. Kerviel passait une partie de ses ordres.

Cette révélation avait été selon Elisabeth Meyer, l'une des avocates du trader, l'"argument pour envoyer Kerviel en prison". Selon plusieurs sources proches du dossier, la chambre de l'instruction n'avait cependant pas évoqué le cas de ce courtier. Il n'avait finalement pas été poursuivi mais placé sous le statut de témoin assisté par les juges Renaud van Ruymbeke et Françoise Desset. Dans l'entourage du trader, on a estimé jeudi que "les conditions de remise en liberté de Jérôme Kerviel (étaient) tout à fait remplies".

"Il n'y a pas de risque de récidive, pas de risque de collusion avec des complices malgré les tentatives régulières d'en faire apparaître là où il n'y en a pas", a déclaré à l'AFP Christophe Reille, porte-parole de Me Meyer. M. Kerviel "n'a jamais fui, ni ses responsabilités, ni son pays, ni la justice, ni même ses employeurs", a-t-il dit, regrettant la décision du parquet général de demander le huis clos qui est selon lui "dans l'intérêt exclusif de l'accusation".

En l'état du dossier, la détention du trader ne peut excéder quatre mois.

Source : AFP

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