vendredi 28 mars 2008

PROCES FOURNIRET


CHARLEVILLE-MEZIERES, Ardennes (Reuters) - Le tueur en série présumé Michel Fourniret a suscité l'indignation des victimes à l'ouverture de son procès pour sept meurtres à Charleville-Mézières (Ardennes) en annonçant qu'il resterait muet si on lui refusait une audience à huis clos.

Dans un palais de justice transformé en camp retranché et rempli de centaines de journalistes venus de l'Europe entière, massés dans trois salles, l'accusé, refusant les photos, a fait une première apparition publique particulièrement théâtrale.

Face au banc des parties civiles où avaient pris place les familles de victimes, très tendues, le tueur présumé, pull bleu éclatant, fines lunettes, coupe de cheveux soignée, air grave, a, au moment de l'interrogatoire d'identité formel, collé un papier sur la vitre de son box.

Y était écrit : "sans huis clos, bouche cousue". Il entend en effet obtenir un procès sans public et sans presse. Il n'a consenti qu'à opiner du chef pour confirmer son état civil.

Par la suite, il a fait remettre au président du tribunal un autre texte enroulé avec un ruban rouge et a pris la parole pour lui demander "de lire cet exposé aux familles des victimes".

Le président Gilles Latapie, a refusé sa requête, le remerciant ironiquement en brandissant l'objet : "C'est très joliment fait, je vous remercie. J'en prendrai connaissance le moment venu". Le procès est légalement public, a-t-il dit.

Sur ce document, que Reuters a pu consulter, l'accusé, sur plusieurs pages, dédouane son épouse Monique Olivier, co-accusée, qu'il affirme avoir manipulé et frappé, déplore que "nombre de curieux et de désoeuvrés" assiste à l'audience. Il se présente lui-même de manière ambigüe comme un "être mauvais et dénué de tout sentiment humain".

autre crime que les sept pour lesquels il est jugé. "Ces pitreries sont insupportables compte tenu de la gravité des faits. Mais il va finir par parler, il a toujours besoin d'avoir raison", a dit à la presse Me Didier Seban, un des avocats des victimes.

Assisté par des psychologues, les familles de victimes, dont un nonagénaire en chaise roulante, père d'une victime, sont apparues bouleversées et certaines ont du quitter la salle.

L'épouse de Fourniret, Monique Olivier, vieillie, cheveux gris coupés courts et mine fatiguée, assise à ses côtés dans le box, n'a pas adressé un regard à son mari. Le duo doit être jugé pendant deux mois, et encourt la réclusion à perpétuité.

"La cour s'incline avec respect et émotion devant les victimes et leurs familles", a dit le président, soulignant que l'audience symbolisait à ses yeux "une coopération judiciaire exemplaire entre France et Belgique au service des victimes".

Arrêté en Belgique en 2003, extradé vers la France en 2006, Michel Fourniret, 65 ans, répondra des enlèvements, séquestrations, viols ou tentatives de viols et meurtres de sept fillettes ou jeunes filles entre 1987 et 2001, six en France et une en Belgique, ainsi que de deux agressions en Belgique.

Son épouse, âgée de 59 ans, est jugée comme co-auteur pour un meurtre et pour complicité dans quatre autres homicides.

Surnommé par la presse "l'ogre des Ardennes", cet ancien dessinateur industriel, père de cinq enfants nés de trois unions, dont un avec Monique Olivier, est présenté par les psychologues comme un "pervers narcissique et manipulateur".

Dans le cadre d'un pacte criminel passé après Monique Olivier, aide familiale rencontrée par petite annonce alors qu'il était en prison, il promettait de tuer deux de ses anciens compagnons supposés violents, ce qu'il n'a finalement pas fait. Elle jurait de l'aider dans sa "chasse aux vierges".

Les Fourniret avouent avoir enlevé et tué Isabelle Laville en décembre 1987 à Auxerre (Yonne), Fabienne Leroy en août 1988 près de Mourmelon (Marne), Jeanne-Marie Desramault en mars 1989 près de Charleville-Mézières, la Belge Elisabeth Brichet en décembre 1989 à Namur, Natacha Danais, en novembre 1990 près de Nantes, Céline Saison en mai 2000 à Charleville-Mézières, et Mananya Thumpong en mai 2001 à Sedan (Ardennes).

Source : par Thierry Lévêque pour reuters

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